LA PRÉVENTION COLLECTIVE PRIME SUR LES LIBERTÉS INDIVIDUELLES !

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Je n’aurais pas senti le besoin d’écrire ces lignes si les voix, qui s’étaient levées le 25 mars 2020 pour condamner avec énergie les restrictions policières (bien qu’il y ait des abus que je condamne), s’étaient ce 26 mars 2020 pour condamner avec la même énergie l’insouciance et le comportement irresponsable de nos populations.

Que veut-on ?

–  un Etat fort et garant de la sécurité (sous toutes ses formes) de ces citoyens ou ;

– un Etat absent laissant ces citoyens à la merci d’une classe manipulatrice.

L’Etat d’urgence et le couvre-feu sont censés restreindre les libertés individuelles et permettre à qui de droit de manager afin de garantir, aux populations sénégalaises et aux étrangers qui sont parmi nous, une prévention collective contre cette pandémie qui sévit dans le monde.

La sécurité de l’Etat, de son territoire et de ses institutions va désormais de pair avec la protection des personnes et des populations : c’est bien le concept de sécurité humaine. Celles-ci ont besoin d’être mises à l’abri de la peur et de la maladie, des autres menaces physiques, morales et/ou politiques.

La sécurité inclusive vise à restaurer la confiance entre les populations et les forces de sécurité. Ce concept réside dans le fait que les nouveaux visages de l’insécurité appellent aujourd’hui une implication plus poussée des citoyens, individuellement et collectivementà travers la société civile. Son implication est une nécessité absolue  et ses membres peuvent et doivent participer à l’émergence d’une implication personnelle, collective et citoyenne dans le domaine de la sécurité, des débats et de la recherche de solutions.

La société civile doit accompagner l’Etat, les forces de défense et de sécurité et les populations. Elle n’a pas pour prérogative de jouer un rôle de contre-pouvoir, mais de contrôle démocratique citoyen, de veille à un équilibre pour le bien-vivre en commun, de justice sociale et d’équité. Elle doit Informer, sensibiliser et développer les consciences par rapport aux menaces à la sécurité nationale, investir dans l’éducation spirituelle et surtout Encadrer, protéger et assister les populations des zones vulnérables.

Aidons la population sénégalaise à se prendre en charge.

Si on laisse en l’état les comportements de défiance des populations, la crise économique qui suivra sera plus désastreuse. Qu’Allah nous en préserve !

Donc encore une fois : « Rester chez vous ! »

Trois semaines de sacrifices ne sont rien par rapport à trois ans de misères pour tout un peuple!

Un mois supplémentaire de sacrifice vaut mieux que des décennies de famine et de misère!

Cette pandémie et l’insécurité multiforme qui en découlera, vont engendrer en permanence des tensions socio-politico-militaires dans ces pays sur fond de développement de criminalité, de trafics divers alors que ces Etats, faisaient déjà face à de nouveaux défis sécuritaires, disposaient de très peu de capacités d’anticipation et d’adaptation.

Il ne faut pas occulter que notre sous-région reste l’une des plus touchées par l’insécurité alimentaire dans le monde, la grande majorité de la population de cet espace compte avant toute chose sur l’agriculture qui est la source principale de revenus suivi du secteur informel (à la recherche de la dépense quotidienne). Cette pandémie, qui risque d’aboutir à une crise alimentaire sans précédent, va aussi révélé au grand jour, deux vérités dramatiques. D’une part, il est apparu avec plus de netteté que les choix économiques opérés et les modèles de développement suivis durant plusieurs décennies dans cet espace sont  globalement hasardeux et impertinents. En privilégiant la monoculture d’exportation au détriment de l’agriculture vivrière, celle-ci étant confinée à un rôle secondaire, on a en effet créé les conditions d’une dépendance accrue des populations ouest africaines aux marchés mondiaux. D’autre part, cette crise est en train de mettre en lumière la forte articulation entre les politiques commerciales, les choix agricoles et les questions alimentaires.

En lieu et place d’une politique politicienne de distributions massives d’EPI et de denrées de première nécessité, sans aucun respect des instructions (consignes sanitaires, distance de sécurité, interdiction de rassemblement, etc.), les décideurs gagneraient à se concerter avec les experts avérés dans tous les domaines afin d’avoir une attitude responsable et une vision prospective au bénéfice de tous.

Les forces de défense et de sécurité, appuyés par les autorités administratives et les acteurs communautaires (Badienou Gokh, Leaders communautaires, chefs et/ou délégués de quartiers) bien équipés contre le COVID 19 et dans le respect des consignes de sécurité sanitaire pourraient déposer directement les produits sanitaires et les vivres subventionnés auprès des ménages pré-identifiés. Il est vrai que la logistique sera importante et très coûteuse mais elle sera moins coûteuse que le drame sanitaire et socio-économique qui se profile à l’horizon.

Les européens et les américains sont déjà dépassés par cette pandémie, à juste raison ils mettront l’accent sur la sécurité de leurs citoyens, il est grand temps que les africains acceptent le sevrage définitif et essaient de marcher de leurs propres ailes, en adultes responsables.

Ensemble nous vaincrons COVID 19

                                            Pr Adjaratou Wakha Aidara NDIAYE

Directrice Exécutive de

 Partners West Africa – Sénégal