ENTRE INCERTITUDE ET SURENCHÈRE, UN SURSAUT PATRIOTIQUE EST ATTENDU DE LA CLASSE POLITIQUE (Par Aly Saleh)

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Depuis plusieurs mois, l’atmosphère est très tendue au Sénégal et cela va crescendo. Pour ne pas dire nous tous avons le moral à zéro, tout le monde est crispé en attendant le procès en diffamation du 30 mars prochain entre le leader de Pastef Ousmane Sonko et le ministre du tourisme Mame Mbaye Niang.

Le rouleau compresseur est aujourd’hui activé, mais est-ce que les arrestations tous azimuts que l’on a noté dans les rangs de Pastef vont affaiblir un peu la capacité de mobilisation du parti du maire de Ziguinchor? On le saura dans un trés proche avenir. Par contre, ce que l’on sait, c’est que dans tous les cas, le procès va reprendre.

C’est connu de tous, nous avons là entre les mains, passez-moi l’expression, un dossier judiciaire au relent politique. Mais il faut que l’on arrête de chercher à, coûte que coûte, brûler ce pays. L’opposition a certes le droit de manifester mais l’Etat aussi a le devoir de livrer une sécurité totale, une paix et une tranquillité absolue pour les personnes et pour leurs biens.
Pour un déroulement normal de la vie, la stabilité doit être assurée aux institutions.
C’est pourquoi des négociations doivent être entamées par de bonnes volontés pour rapprocher les deux parties comme cela s’est déjà passé entre Diouf et Wade en 1994. Nous avons besoin d’une stabilité et d’une paix sociale et c’est à l’Etat de les garantir. Les sénégalais n’ont pas besoin de revivre les événements qui se sont déroulés le 16 mars dernier. C’est encore le stress généralisé partout, tout le monde a encore la peur au ventre.

Et avec cette surenchère à tous les niveaux où chacun cherche à montrer qu’il ne se laissera pas faire, on ne voit que du noir au loin. Ce climat là que nous vivons doit nous faire réfléchir et nous obliger à lâcher du lest, à faire des concessions de part et d’autre.

Pourquoi ne pas renoncer durant, cette période incertaine là, aux manifestations, observer une trêve et aussi renvoyer le procès programmé pour le 30 mars en mettant à profit la période actuelle. Car, tout le monde dans ce pays a aujourd’hui besoin d’accalmie de toutes ces activités politiciennes qui impactent négativement l’économie du pays et pas seulement. L’image que nous renvoyons à l’étranger n’est pas des meilleures. Un sursaut patriotique national est attendu de toute la classe politique et pour cela, il faudrait une volonté commune pour pouvoir solutionner de manière pérenne cette situation que le pays traverse.

Si le Président Sall et le chef de l’opposition acceptent tous les deux de se mettre autour d’une table pour discuter, cela pourrait aboutir à une solution de sortie de crise, puisque tous les mécanismes culturels, religieux, symboliques et spirituels sont là pour faire entendre raison. Puisque le pays de la téranga a toujours été un espace de compromis et de convergence et cette exception de stabilité qui a toujours constitué le Sénégal doit continuer à régner.
Et pour y arriver, les régulateurs sociaux, chefs religieux et société civile doivent reprendre leur bâton de pèlerin pour rencontrer les différents protagonistes pour l’apaisement du climat délétère que la barque « sunugal » traverse.
Et les médias ont un rôle important à y jouer. Les professionnels de l’information devraient être des arbitres neutres de cette situation dangereuse pour notre pays et éviter de participer à ce jeu malsain.

Les anglais disent: « la loi fait l’union » et pourtant la devise du royaume de Belgique depuis 1831 est « l’union fait la force ».

Ces moments d’approche de festivités de l’accession du Sénégal à la souveraineté internationale peuvent être aussi favorables pour des rapprochements mais aussi pour pouvoir prendre un élan vers le retour de la stabilité que l’on connaît du pays de Lat Dior et de Cheikh Anta Diop. L’optimisme qui m’anime et me motive, me fait dire qu’une bonne médiation des régulateurs sociaux ferait effet immédiat.

Aly Saleh