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Les récentes prises de parole d’Ousmane Sonko, Premier ministre et leader du parti Pastef, suscitent des débats houleux sur sa conception du pouvoir et des libertés démocratiques. Pour de nombreux observateurs, ses déclarations révèlent une dérive autoritaire et une intolérance croissante à la critique.
L’ancien magistrat Ibrahima Hamidou Dème s’est récemment exprimé avec gravité dans une tribune, interpellant directement le chef du gouvernement : « Jusqu’à quand, Ousmane Sonko, abuseras-tu de notre patience ? Jusqu’où iras-tu dans la provocation, la menace et l’intimidation ? »
Dans cette sortie au ton solennel, M. Dème dénonce ce qu’il considère comme une remise en cause des fondements de l’État de droit. Il accuse Sonko d’entretenir une vision clanique du pouvoir, en opposition aux principes républicains. « Combien de temps encore allons-nous faire semblant de ne pas entendre la voix d’un homme qui, dans ses fonctions régaliennes, parle et agit comme un chef de clan, rêvant tout haut d’un pouvoir dictatorial ? », écrit-il.
Pour étayer ses propos, l’ancien juge évoque plusieurs déclarations publiques d’Ousmane Sonko qu’il juge alarmantes. Il rappelle qu’il y a deux mois, devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre avait exprimé son intention d’intervenir personnellement contre certains chroniqueurs jugés trop critiques.
« Hier encore, tu as franchi le Rubicon en déclarant que si tu étais président de la République, ‘certaines personnes ne parleraient plus’. Et ces déclarations ne sont pas isolées. Elles s’ajoutent à une longue série de menaces et d’attaques contre l’opposition, la presse, la société civile, les institutions ; en somme, contre la liberté et la démocratie », accuse-t-il.
Pour M. Dème, les signaux sont clairs : derrière les discours de rupture se dessine une volonté d’étouffer les voix discordantes. « Tu dis vouloir ‘effacer’ les voix discordantes. Mais tu dois savoir que nous avons choisi la République. La République protège la liberté d’expression et garantit la coexistence des opinions, même les plus critiques. Qui t’a donné ce pouvoir ? », s’interroge-t-il.
L’ancien magistrat établit même un parallèle historique, citant Cicéron pour interpeller Sonko : « Jusqu’à quand abuseras-tu de notre patience ? Jusqu’à quand continueras-tu à parler au nom du peuple pour mieux l’abuser ? »
Enfin, M. Dème rappelle au Premier ministre que « le Sénégal n’est pas une propriété privée » et que « le pouvoir ne confère pas le droit d’effacer qui l’on veut ». Il conclut en affirmant que la démocratie ne saurait se plier aux caprices d’un homme incapable de supporter la contradiction : « Nous resterons debout. Nous parlerons. La liberté est un droit constitutionnel, non une faveur octroyée par un prince. »

