ACCUSATIONS GRAVES CONTRE DES ANCIENS MINISTRES : SILENCE OU STRATÉGIE ?

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Ils sont accusés par le Premier ministre d’avoir maquillé les comptes publics et de détournement de fonds. Mais depuis la sortie au vitriol du chef du gouvernement, vendredi dernier, ils se sont murés dans le silence. Cette posture est-elle bonne, tenable ? L’Observateur a posé la question à un docteur en communication et à un analyste politique. Extraits.

Jean Sibadioumeg Diatta, docteur en communication (Ucad)

**Silence tactique.** « Nous sommes dans le cadre de la communication de crise, ils sont accusés de faits extrêmement graves qui pourraient leur valoir un emprisonnement ou engendrer des conséquences politiques graves. La communication de crise impose d’éviter les pièges de communication susceptibles d’amplifier la crise. Ils doivent jouer sur la justesse de l’information. Ils vont répondre, mais avant, ils prendront le temps de rassembler les éléments de réponse pour convaincre, car nous sommes dans une bataille d’opinion. Ce silence est donc une stratégie. »

**Réponse provisoire.** « S’ils avaient répondu à chaud, cela aurait pu être une bonne stratégie. Mais ce silence peut être préjudiciable, car l’opinion consomme déjà ces informations amplifiées par les réseaux sociaux. Le timing des accusations, juste avant les élections législatives anticipées, joue également en leur défaveur, surtout pour Amadou Ba, qui pourrait en souffrir politiquement. »

**Diversion.** « Je pense que l’Apr prendra le temps de répondre, après avoir rassemblé les éléments de réponse nécessaires. Ils pourraient soit démonter les accusations, soit adopter une stratégie de contournement. Certains ont déjà commencé à créer d’autres problèmes en évoquant l’implication de l’actuel ministre des Finances dans les malversations. »

Mamadou Sy « Albert », analyste politique

**Silence d’or.** « Pour le Président Macky Sall et les ministres de son mandat, il est préférable de ne pas prendre la parole dans ce contexte. Répondre à un chef d’État en exercice, qui détient l’autorité des chiffres, pourrait nuire à leur crédibilité. Politiquement, ce n’est pas payant de répondre à un État en place pour cinq ans. »

**Réponse politique.** « Cependant, il n’est pas exclu qu’ils prennent le temps d’établir leur version des faits. L’Apr pourrait apporter une réponse politique, tout comme Amadou Ba, pour défendre leur image. Les accusations de falsification d’indicateurs macroéconomiques sont très graves et nécessitent une défense solide. »

Ces réflexions soulignent la complexité de la situation actuelle. Le silence des accusés, bien qu’apparenté à une stratégie, pourrait aussi s’avérer risqué dans un contexte où l’opinion publique est particulièrement attentive aux événements politiques.