FOIRE : L’ART CONTEMPORAIN AFRICAIN S’INSTALLE DURABLEMENT A MARRAKECH

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Fin février, Marrakech grouille de touristes. Tous ne sont pas venus pour la Foire 1-54, qui met l’art contemporain africain en avant. À la Mamounia, luxueux hôtel, dans les stands des 18 galeries, dont 7 africaines*, les collectionneurs, les acheteurs et tous ceux intéressés par le marché de l’art contemporain africain déambulent, observent et discutent. Plus de 65 artistes ont été présentés. Discrètement, les affaires se font, les œuvres sont réservées. Une pastille rouge, c’est vendu.

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Une foire internationale par et pour les Africains

Qui aurait parié en 2013, lors de son lancement à Londres, que la Foire 1 : 54 (un continent pour 54 pays), dont l’objet est de promouvoir l’art contemporain africain, tracerait son sillon, au point d’essaimer à New York (2015), puis depuis l’an dernier à Marrakech. Le succès est bien là. Le choix de Marrakech a été naturel. Outre la vitalité culturelle de la ville, la fondatrice de la Foire 1-54, Touria El Glaoui, est aussi la petite fille de Thami El Glaoui, pacha de Marrakech. Et côté art, elle est tombée dans le bain grâce à son père, le célèbre peintre Hassan El Glaoui. « La foire est un événement inspirant, symbole de l’ébullition culturelle de la ville de Mararkech », commentait Touria El Glaoui pour l’ouverture de cette deuxième édition. Mais déjà l’an dernier, elle confiait au journal marocain l’Économiste : « Il est important qu’un événement qui traite de l’art contemporain africain se passe en Afrique, il faut que les Africains voient de l’art africain sur leur continent. » La ville est aussi idéalement située, à quelques heures d’avion de l’Europe, où résident les principaux collectionneurs.

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Les galeries présentent lors de la première édition sont largement revenues. La question ne se pose même pas : il faut venir, c’est un peu comme une évidence. Chez Retro Africa, une galerie nigériane, également présente à la Cap Town Art Fair en Afrique du Sud (du 15 au 17 février), les deux jeunes galeristes se disent très satisfaites de leur participation à Marrakech. « Au Cap, la concurrence est très rude notamment avec les galeries sud-africaines très bien installées », commente Dolly Kola Balogun, cofondatrice de Retro Africa. Tous les exposants se disent satisfaits et certains font remarquer qu’à Paris, notamment lors de la Foire AKAA qui s’est tenue en novembre dernier, le public était bien présent, mais les acheteurs beaucoup plus frileux. À Marrakech, les ventes ont été au rendez-vous. Pourtant, ce n’est pas si simple.

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Des transactions complexes

Pour la foire, un seul transitaire marocain, Timar, a été choisi pour acheminer les œuvres qui repartiront, même si elles ont été vendues, vers leurs lieux d’origine. Pas question pour un collectionneur de repartir avec son œuvre sous le bras, même s’il est marocain. Tout est importé sous le régime « l’importation temporaire ». Au retour, les douaniers vérifient scrupuleusement que tout repart. La foire de Marrakech est donc un lieu de prise de contact, les transactions sont réalisées plus tard. De fait, le monde de l’art doit faire face à des transports coûteux et complexes et dans certains pays, à des taxes prohibitives. Au Maroc, si le roi Mohamed VI, collectionneur d’art, a bien lancé une tendance, la peur du fisc, très actif déjà dans le domaine de l’immobilier, refroidit l’ardeur des potentiels acheteurs.