![]()
À l’occasion du quatrième anniversaire du parti Awalé, une déclaration du responsable politique Waly Diouf Bodiang est venue jeter un pavé dans la mare des certitudes politiques sénégalaises. Sur les réseaux sociaux, il a livré une réflexion acérée qui remet en cause l’un des indicateurs fétiches du paysage politique : la démonstration de force par une salle comble.
Alors que le parti du ministre de l’Environnement, Dr Abdourahmane Diouf, fêtait son anniversaire en présence de personnalités de la majorité présidentielle, comme Aminata Touré, haut représentant du chef de l’État, la prise de parole de M. Bodiang a offert un contrepoint singulier. Avec une ironie mordante, il a estimé qu’« en politique, l’idée de rencontrer tous ses militants et sympathisants dans une salle fermée, fût-elle pleine comme un œuf pourri, donne une claire mesure de son poids et de sa représentativité sur l’échiquier ».
Cette formule choc, loin d’être anodine, frappe par son franc-parler. Elle semble viser directement la pratique courante qui consiste à évaluer l’influence d’un parti à l’aune de sa capacité à remplir un amphithéâtre. Pour Waly Diouf Bodiang, cette mesure serait non seulement illusoire, mais aussi profondément insuffisante.
La sortie de Waly Diouf Bodiang s’inscrit dans un contexte politique sénégalais en pleine recomposition, où les alliances au sein de la majorité présidentielle sont mouvantes. Dans ce jeu d’influences, la visibilité médiatique et les rassemblements physiques restent des instruments clés pour asseoir sa légitimité.
Cependant, l’analyse du responsable politique suggère une lecture plus lucide et plus moderne du rapport de force. Elle soulève une question essentielle : une mobilisation ponctuelle, aussi impressionnante soit-elle, est-elle le véritable baromètre de l’ancrage populaire et de l’influence durable d’une formation politique ? Sa réponse, implicite, est négative.
Pour les observateurs, cette prise de position reflète une volonté de déplacer le débat vers des critères plus substantiels que le simple spectacle de la foule. Elle interroge la nature de la représentativité et la capacité réelle à générer de l’adhésion au-delà des meetings et des cérémonies d’apparat. En pointant les limites de la « salle pleine », Waly Diouf Bodiang invite à une réflexion plus profonde sur les fondements de l’autorité politique dans le Sénégal contemporain.

