Présidentielle de 2024 La candidature unique, une utopie au Sénégal (Par Aly Saleh)

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A moins de 10 mois de la présidentielle, au moins 8 leaders de l’opposition ont déclaré leur intention de briguer la magistrature suprême. Et cette floraison de déclarations de candidature montre une opposition en ordre dispersée. C’est du moins le spectacle qu’offre, en ce moment, l’opposition sénégalaise sur la scène politique. Pourtant, le leader de Pastef, Ousmane Sonko, avait promis que la coalition Yewwi Askan Wi serait l’une des plus grandes forces de l’opposition dans l’histoire du Sénégal. Et pourtant, certains observateurs avaient avancé que l’union de l’opposition n’était que fiction. Pour les joutes en vue, y aller en ordre dispersé serait à mon humble avis synonyme de suicide collectif. Même si une candidature unique ne fait pas partie de la charte signée par les différents chefs de partis, l’idéal aurait été que l’opposition ait un seul candidat, ce qui serait plus avantageux pour eux. Donc s’aventurer à penser qu’une candiature unique et consensuelle de l’opposition réunie autour de Yewwi Askan Wi n’aurait pas été avantageuse serait carrément passer à côté de la plaque. Parce que aussi, quoi que l’on puisse dire, la multitude de candidatures pourrait ne pas être favorable même s’il ne s’agit pas d’une mauvaise chose pour la coalition Yewwi qui a réussi à rassembler autour d’elle des partis qui n’ont pas la même idéologie politique.

L’autre avantage qui pourrait profiter aux alliés du maire de Ziguinchor, serait de limiter le nombre de prétendants à deux ou trois. Ce serait une bonne stratégie afin de pouvoir tirer leur épingle du jeu. Mais en ce moment, il faudrait faire un bon choix sur les profils parce que aussi, les leaders de Yewwi ne sont pas des novices et c’était clair et précis dans la charte de la coalition que chacun avait la liberté de se présenter mais en cas de deuxième tour tout le monde devait se retrouver autour du candidat le mieux placé pour lui apporter son soutien.

La semaine dernière, le patron de Taxawu Dakar déclarait lors de la conférence de presse de Yewwi que ceux qui parlent de divorce ou d’éclatement de leur coalition peuvent déchanter puisque « ce ne sera ni pour aujourd’hui, ni pour demain ». Omettant certainement que l’acte de divorce avait été signé la veille par son principal souteneur et compagnon à la ville comme à la scène, le maire de Dakar, Barthélémy Dias.
Et puis que dire de la façon dont Khalifa Sall et Pape Djibril Fall ont été hués, manqué de respect lorsqu’ils ont voulu prendre la parole lors de la manifestation du F-24 ce week-end, sans oublier les absences de Sonko et de Barth.
Son initiateur Mamadou Mbodj, le lendemain a minimisé la façon dont Khalifa Sall a été conspué.
Cet act inélégant et anti démocratique illustre à suffisance que Yewwi risque de ne pas aller plus loin.
Et tout cela ne fait que conforter la thèse de ceux qui soutiennent que les coalitions contre nature finissent toujours par se disloquer car les idéologies ne sont pas les mêmes et encore moins, les convictions.

Et puis quelle explication donner sur un compagnonage entre une personne qui se dit en croisade contre un système et qui en même temps, chemine avec un pur produit de ce même système que l’on veut combattre.
Le paradoxe est bien là lorsque l’on refuse de voir la réalité en face et continue de parler de choc des ambitions et non de querelles partisanes qui ne font que fragiliser davantage l’opposition.

L’heure de l’union sacrée devrait être sonnée car l’enjeu, ce n’était pas de huer des alliés mais d’arrêter de preter le flanc au camp d’en face.

Pendant que Yewwi se déchire sans peut-être même s’en rendre compte, de l’autre côté, la majorité présidentielle et ses alliés de la coalition Bennoo Bokk Yakaar (BBY) travaillent sur une candidature unique basée sur un programme dit « viable, bien négocié et bien défini » en perspective de l’élection présidentielle du 25 février 2024, malgré les départs et pas des moindres enregistrés de part et d’autre pour ne citer que les cas Aminata Touré ancienne Directrice de campagne de Macky Sall et Idrissa Seck, patron de Rewmi.
Et justement pour réussir le pari, ils se concertent pour désigner un candidat unique de BBY sur la base d’un programme bien défini même si l’on continue de considèrer que la question de la troisième candidature de Macky Sall n’est toujours pas à l’ordre du jour dans la mesure où le principal concerné n’a toujours pas pris de décision sur le sujet.

Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur