Président Macky SALL, quelle élégance

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Non Monsieur le Président, vous n’avez pas renoncé á un troisième mandat ou à une quelconque can- didature ! Pour une raison très simple : vous n’avez jamais rien dé- claré qui aille dans ce sens.
Alors que la quasi-totalité de la classe politique vous en avait re- connu le droit, et que le juge consti- tutionnel aurait lié toute candida- ture à un arrêt déjà rendu en 2016, vous avez respecté votre parole.
Vous avez dit l’autre soir á la télévi- sion : « J’ai une claire conscience et mémoire de ce que j’ai dit et ré- pété… ». On ne vous a ni influen- cé, ni contraint de renoncer à votre candidature ! Aucune peur pour vos lendemains, cette grosse pho- bie éternelle de la grande majorité de nos dirigeants africains qui les pousse à s’éterniser au pouvoir. C’est vrai, vous êtes resté conforme à cette élégance sociologique et mo- rale qui est la marque d’un Homme tout court mais difficile à relever chez nombre de nos dirigeants africains. Cette nature heureuse à trouver chez un être humain a, par la même occasion, scellé un as- pect important de notre démocra- tie constitutionnelle : la question des deux mandats de cinq ans n’est plus discutable.
Malgré tous les pouvoirs qu’on lui prêtait dans la gestion de l’État, la première dame (comme les enfants du reste) se référait et s’en remet- tait toujours à vous. Jamais d’im- mixtion dans les affaires de l’Etat. Votre discours a été fort et riche. Il est sorti des entrailles et de l’intelligence d’un homme d’Etat conscient et averti. D’un grand di- rigeant. Vous me rappelez Georges
Washington qui, en 1797, quitta le pouvoir des Etats-Unis d’Amérique et refusa plus tard un troisième mandat sur son cheval de général Chef d’état-major des Armées, vic- torieux militaire aux bord du Poto- mac River, dans cet endroit devenu le District de Washington, entre le Maryland et la Virginie.
Et maintenant, qui après Vous, et qui d’après Vous ? Cette question a été lancinante pendant des années. Aujourd’hui que vous avez solen- nellement déclaré à la nation et au monde que vous partez en 2024, cette problématique, plus que d’ac- tualité, fait peur.
Même Le silence fortement bruis- sant sur l’identité de votre succes- seur dont le choix a été laissé en vos mains, fait fureur. Cette personne, dont fort probablement l’avenir du Sénégal dépendra, devra être le fruit d’un tri qui ne fâche pas et qui ne gâche pas la bonne contenance faite ce mémorable 3 juillet. Personne dans l’élite politique ac- tuelle diversement appréciée ne semble retenir l’attention des Sé- négalais. Au point que certains analystes et commentateurs ont pu entrevoir, peut-être pour préparer davantage les états-majors et les candidats, la possibilité de report des élections pour la première fois au Sénégal. Malgré la sacralité du calendrier républicain. Et même le cas échéant, vous ne resterez pas au-delà du 02 avril 2024, tant votre détermination á respecter votre pa- role est claire et irréversible.
Nous allons passer inéluctable- ment á une recomposition inédite de l’espace politique qui s’est bien étiolé. Et du temps semble néces- saire.
Votre noble posture du 3 juillet, après avoir assommé et définitive- ment enterré des « peuliticiens », comme les aurait appelés une de mes grand-mères, semble interpel- ler davantage les Sénégalais sur le crédit surfait de nos hommes poli- tiques. Beaucoup de ces politiciens et même des personnalités de la so- ciété civile, qui n’avaient que le troi- sième mandat comme programme, sont devenus quasiment aphones