OUSMANE SONKO : « UNE DÉMISSION SANS COURAGE, SANS GLOIRE NI HONNEUR »

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« Un congé indéterminé, c’est une démission implicitement déguisée sans courage ou un désengagement du devoir d’État, voire un abandon de fonction ? » C’est ainsi que Bougar Diouf, représentant de l’Union des Panafricanistes Sénégalais (UPS), a réagi à l’annonce selon laquelle le Premier ministre Ousmane Sonko serait en congé à compter du 6 novembre 2025, sans précision de durée ni de date de retour.

Diouf qualifie cette décision d’inédite, irrégulière et contraire à l’esprit de la Constitution. Il rappelle que le Premier ministre n’est pas un fonctionnaire ordinaire ; il est le chef du Gouvernement, nommé par le Président de la République et placé sous son autorité directe, selon les articles 42 et 53 de la Constitution. Cela signifie qu’il ne peut en aucun cas décider unilatéralement de partir en congé, encore moins sans l’autorisation du Chef de l’État et sans préciser la date de son retour.

Dans la pratique administrative, les congés du Premier ministre doivent être fixés par décret présidentiel ou validés par note du Chef de l’État. Une date de retour précise doit toujours être indiquée afin de garantir la continuité du fonctionnement du Gouvernement et de permettre la désignation d’un intérimaire, généralement le Secrétaire général du Gouvernement ou un ministre désigné. Sans cette date, il n’existe aucune base légale pour assurer l’intérim, ce qui constitue une irrégularité grave et un dysfonctionnement institutionnel majeur.

Partir en “mission” sans validation présidentielle, sans décret, et sans délai, c’est se placer en dehors du cadre institutionnel. C’est nier l’autorité du Président de la République et fouler aux pieds le principe même de la responsabilité gouvernementale. C’est une anomalie grave, une insulte à notre démocratie, et une atteinte directe au sérieux de nos institutions.

Toute “mission officielle” du Premier ministre doit être autorisée par le Chef de l’État, formalisée par décret ou note présidentielle, et limitée dans le temps. Le Premier ministre n’est pas un militant en tournée. Il est le chef du Gouvernement, responsable de la coordination de l’action de l’État, de la gestion quotidienne des affaires publiques et de la sécurité nationale.

Un congé indéterminé peut être interprété comme une démission déguisée ou un désengagement de la charge gouvernementale, ouvrant la voie à une nomination de remplacement par le Président de la République. Cette situation crée un vide au sommet de l’État, à un moment où le Sénégal fait face à des défis économiques, sociaux et sécuritaires considérables. Elle soulève des questions de légitimité, de responsabilité et de respect de la hiérarchie institutionnelle.

Le Sénégal n’est pas un terrain d’expérimentation institutionnelle. Nous refusons que la fonction de Premier ministre soit traitée avec désinvolture ou utilisée pour couvrir des manœuvres politiques. Nous demandons aux services de la Présidence de la République de clarifier immédiatement si ce congé a été officiellement autorisé, qui assure l’intérim du Premier ministre, et quelle est la date prévue de son retour.

L’État doit demeurer sérieux, transparent et respectueux des formes républicaines. Les Sénégalais ont droit à un gouvernement pleinement opérationnel, pas à un exécutif fantôme. Trop, c’est trop. Le respect des institutions ne se négocie pas.

— Bougar Diouf, Union des Panafricanistes Sénégalais (UPS)