MADIAMBAL DIAGNE SE DÉFEND ET DÉNONCE UN « COMPLOT POLITIQUE » DEPUIS LA FRANCE

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Installé en France après des péripéties liées à un voyage malgré une interdiction de sortie du territoire, Madiambal Diagne, patron du Groupe Avenir Communication, a multiplié les mises au point ce lundi, publiant in extenso un texte dans lequel il se défend des accusations judiciaires et accuse le nouveau régime d’orchestrer une « traque » politique contre lui.

Dans sa longue déclaration, M. Diagne assure ne pas être impliqué dans des marchés publics et réfute les accusations d’escroquerie portant sur des deniers publics qui font l’objet d’une enquête. Il affirme n’avoir « signé aucun contrat avec une quelconque entité publique », ne pas avoir « participé à aucune négociation d’un quelconque contrat de marché public » et assure qu’« aucun sou, venant du Trésor public n’a été viré dans aucun de mes comptes bancaires ».

Sous-traitant d’un marché porté par une entreprise française
Madiambal Diagne explique que sa société, la Sci Pharaon — fondée en 2016 et dont il est gérant et actionnaire principal — a signé en 2020 un contrat commercial avec une entreprise privée française, Ellipse Projects, pour des prestations d’assistance en maîtrise d’ouvrage et l’exécution de travaux techniques dans le cadre d’un marché remporté par cette entreprise. Selon lui, la Sci Pharaon n’était qu’un sous-traitant parmi une cinquantaine d’entreprises sénégalaises impliquées, et tous les paiements ont été effectués de manière régulière via des banques sénégalaises sur la base de factures acquittées.

M. Diagne assure pouvoir produire « les preuves tangibles des travaux effectués » et des sommes décaissées, et se dit prêt à les communiquer dans le cadre de l’enquête judiciaire.

Accusation de conflit d’intérêts et lien présumé avec Ousmane Sonko
L’ancien journaliste et dirigeant d’entreprise affirme que la procédure engagée contre lui n’est en réalité qu’une manœuvre politique destinée à « déstabiliser et abattre » des opposants réels ou supposés du régime Pastef. Il pointe notamment un rapprochement qu’il qualifie de troublant : la nomination, en juin 2024, de Me Ciré Clédor Ly — avocat personnel d’Ousmane Sonko — comme avocat principal d’Ellipse Projects au Sénégal. Madiambal Diagne rapporte des rencontres entre Me Ly, le patron d’Ellipse Projects Olivier Picard et le Premier ministre Ousmane Sonko, et affirme que Picard lui aurait dit que le Premier ministre « ne vous aime pas, toi et Macky Sall ».

Selon le récit de M. Diagne, des discussions auraient également porté sur d’importants retards de paiement de l’État à l’endroit d’Ellipse Projects — évalués, dit-il, à 75 milliards de francs CFA — et sur la possibilité d’actions internationales contre l’État pour défaut de paiement.

« Ce n’est pas Ellipse qu’on cherche mais Madiambal »
L’accusation la plus lourde portée par Madiambal Diagne dans sa déclaration est que la procédure vise en réalité à le lier à l’ancien président Macky Sall et à le neutraliser politiquement. Il affirme que le Procureur du Pôle financier et la Centif auraient été saisis et que des réquisitoires visant sa mise en examen, ainsi que celle de son épouse et d’un de ses fils, auraient été envisagés.

Mesures contre son patrimoine et avertissements
Madiambal Diagne dénonce aussi des mesures de saisie ciblant son patrimoine — constitué selon lui sur plus de trente ans — et affirme que des proches, dont des membres de sa famille et un ami, auraient été emprisonnés dans le cadre de cette affaire. Il promet d’apporter « toutes les pièces justificatives » pour prouver la réalité des prestations réalisées par sa société et se dit prêt à se battre contre ce qu’il qualifie de « chasse à l’homme », allant jusqu’à évoquer la possibilité d’un danger physique à son encontre.

Au-delà des aspects judiciaires, M. Diagne en profite pour lancer un sévère avertissement politique : il met en garde contre ce qu’il considère comme la montée en puissance d’Ousmane Sonko et l’impact, selon lui, de ce dernier sur la paix civile et la sécurité nationale.

La justice et la procédure suivront leur cours, et il reviendra aux autorités judiciaires de vérifier les pièces et témoignages avancés par Madiambal Diagne comme par les plaignants. De son côté, l’intéressé assure qu’il rendra publiques toutes les preuves destinées à l’innocenter et dénonce ce qu’il présente comme une instrumentalisation politique de la procédure.