Le Sénégal a accompli une avancée significative dans le domaine médical avec la réalisation réussie des premières transplantations rénales au pays. Cet exploit a eu lieu le dimanche 26 novembre 2023 à l’hôpital militaire de Ouakam, marquant la concrétisation d’un projet initié en 2015. Le Colonel Youhanidou Wane, directrice de l’établissement, a accordé une interview exclusive à L’Observateur pour détailler les étapes clés de ce processus.
Le projet de transplantation rénale a été initié par la vision du président de la République sénégalaise, qui a accordé une grande importance à sa concrétisation. En 2015, le Conseil national pour le don et la transplantation a été créé, sous la direction du Professeur Fary Kâ, chef du service de Néphrologie de l’hôpital militaire de Ouakam. Cette étape a permis d’établir une base légale et un référentiel auquel les hôpitaux devaient se conformer pour pouvoir réaliser des transplantations.
En 2020, les hôpitaux ont été invités à soumettre leur candidature pour l’autorisation de réaliser des transplantations rénales. L’hôpital militaire de Ouakam, ainsi qu’un autre établissement, ont entrepris les démarches nécessaires. Cependant, l’obtention de l’agrément a demandé du temps en raison des normes rigoureuses établies dans le référentiel. Des experts ont évalué chaque hôpital sur des critères incluant la documentation, l’administration, les équipements et les compétences médicales disponibles. Suite à cette évaluation minutieuse, l’hôpital militaire de Ouakam a reçu l’agrément, valable pour une durée de deux ans, lui permettant ainsi de réaliser des transplantations rénales.
La directrice de l’hôpital a souligné que des préparatifs rigoureux ont été effectués depuis 2015. Un service d’urologie a été construit aux normes pour accueillir les interventions chirurgicales liées aux transplantations rénales. Les équipements nécessaires ont été acquis progressivement, grâce aux fonds de l’hôpital. Parmi ces équipements se trouve la plateforme HLA, qui permet de vérifier la compatibilité entre le donneur et le receveur, une technologie qui n’existait pas dans la sous-région.
En ce qui concerne les ressources humaines, le Docteur Babacar Diao a été formé à l’hôpital Henri Mondor dans le cadre des transplantations rénales. Deux médecins urologues ont également été formés en 2021 en Turquie, pendant six mois, à l’hôpital Florence Nightingale, où ils ont pu se familiariser avec les techniques de transplantation.
Interrogée sur le coût de la transplantation rénale, la directrice a exprimé la difficulté d’en faire une évaluation exhaustive. Cependant, elle estime que le coût total s’élèverait à environ 10 millions de francs CFA. Ce montant comprend les tests, les médicaments et d’autres dépenses directes et indirectes. En 2020, l’hôpital militaire de Ouakam a établi une collaboration avec l’hôpital Aristide Le Dantec, formant ainsi le consortium Hôpital militaire de Ouakam/Le Dantec. Cette alliance a permis de regrouper les ressources et les compétences nécessaires pour mener à bien les transplantations rénales.
La directrice a mis en avant l’importance de l’esprit d’équipe dans ce projet. En amont de l’intervention chirurgicale, de nombreuses procédures ont été suivies, impliquant divers spécialistes tels que les néphrologues, les urologues, les radiologues, les immunologues et le laboratoire d’analyses. Il était essentiel de s’assurer qu’il n’y avait aucune maladie intercurrente qui aurait pu compromettre la transplantation. La réussite de cette entreprise reposait sur la collaboration et l’implication de tous les acteurs médicaux concernés.
En conclusion, les premières transplantations rénales réalisées au Sénégal marquent une avancée majeure dans le domaine médical du pays. Grâce à un processus rigoureux débuté en 2015, l’hôpital militaire de Ouakam a obtenu l’autorisation de réaliser ces interventions. Cette réussite témoigne de l’engagement du président de la République et de l’importance accordée à la mise en place de structures et de référentiels adéquats. L’établissement a également bénéficié de collaborations fructueuses, notamment avec l’hôpital Aristide Le Dantec, permettant de conjuguer les ressources et les expertises nécessaires à la réalisation des transplantations rénales.