LE SÉNÉGAL FACE À UNE CRISE DE TRANSPARENCE FINANCIÈRE : LA DETTE PUBLIQUE ET LE DÉFICIT BUDGÉTAIRE EN QUESTION

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Le Sénégal traverse une crise majeure de transparence financière, révélée par le dernier rapport de la Cour des Comptes. Celui-ci expose des irrégularités alarmantes : la dette publique atteint 99,67 % du PIB, bien au-delà des 74,41 % initialement annoncés, et le déficit budgétaire pour 2023 est réévalué à 12,3 % du PIB. Ces erreurs comptables fragilisent la confiance des investisseurs et menacent la stabilité économique du pays.

Anomalies comptables et pratiques opaques
Le rapport met en lumière des dettes non comptabilisées, des dépenses opaques et des transferts budgétaires irréguliers, qui ont contribué à alourdir la dette et à creuser le déficit. L’économiste Ousmane Dieng pointe du doigt la comptabilité de caisse, jugée obsolète, et plaide pour une transition vers la comptabilité d’engagement. « Si cette transition avait été faite, beaucoup de ces erreurs n’auraient pas eu lieu », explique-t-il, soulignant l’urgence de moderniser les pratiques financières du pays.

Réactions du gouvernement : réformes et suspension des décaissements
Face à cette crise, le gouvernement a suspendu ses demandes de décaissement au FMI et promet des réformes structurelles. Parmi les mesures annoncées figurent la recentralisation de la gestion de la dette et un renforcement des contrôles sur les projets financés par des partenaires externes. Ousmane Dieng appelle cependant à une communication plus rassurante envers les investisseurs : « Le gouvernement doit éviter le sensationnalisme et rassurer les bailleurs de fonds », insiste-t-il.

Impact sur les projets d’infrastructure et solutions alternatives
La crise financière pourrait ralentir, voire suspendre, plusieurs projets d’infrastructure financés par emprunts. Pour y faire face, Ousmane Dieng propose des financements alternatifs et suggère d’intégrer les ressources naturelles dans le calcul du PIB, à l’instar de l’Algérie. Cette approche permettrait d’alléger la pression sur les finances publiques et de mieux valoriser le potentiel économique du Sénégal.

Sensibilisation à la culture financière et mobilisation de l’épargne
Enfin, Dieng insiste sur l’importance de sensibiliser la population à la culture financière. Il propose de recourir aux offres publiques d’épargne pour capter l’épargne dormante et financer le développement. « Il faut impliquer les Sénégalais dans le financement de leur propre développement », conclut-il, appelant à une mobilisation collective pour surmonter cette crise.

Le Sénégal doit désormais entreprendre des réformes structurelles pour restaurer la transparence et la confiance des investisseurs. L’adoption d’une comptabilité d’engagement et une gestion rigoureuse des finances publiques apparaissent comme des priorités pour assurer la stabilité économique et maintenir la confiance dans l’avenir du pays.