La perspective de la présidentielle de 2024 suscite déjà un engouement parmi les nombreux candidats potentiels, mais le parrainage constitue le premier obstacle à franchir pour ces aspirants à la candidature. Alors que certains estiment que le parrainage a été simplifié, d’autres le perçoivent comme de plus en plus complexe.
La commission politique du dialogue national a tranché cette question clivante en ajoutant le parrainage des élus en plus du parrainage citoyen comme option. Lors de l’élection présidentielle de 2019, sur 27 candidats officiels, 19 n’avaient pas réussi à surmonter cet obstacle du parrainage. Bien qu’un consensus se soit dégagé du dialogue national, la nouvelle version du parrainage semble plus complexe qu’il n’y paraît.
Le président Macky Sall lui-même a exprimé sa frustration en déclarant : « Beaucoup de gens prétendent vouloir diriger le pays, alors qu’ils ne peuvent pas satisfaire aux nouvelles règles du parrainage ». Cependant, les avis divergent sur la question.
Amsatou Sow Sidibé, candidate recalée en 2019, affirme catégoriquement que « le parrainage est aussi compliqué, sinon plus qu’avant ». En revanche, Babacar Fall du Gradec et Maréma Touré Thiam, membre de la commission politique du dialogue national, estiment que le parrainage a été assoupli et qu’un consensus a été atteint.
Les conditions requises pour franchir cet obstacle sont les suivantes : si le candidat opte pour le parrainage citoyen, il devra obtenir un pourcentage de 0,6% à 0,8% du fichier général des électeurs, ce qui équivaut à environ quarante-cinq mille parrains. Certains considèrent cette exigence comme démesurée.
En choisissant le parrainage des élus, le candidat devra convaincre 13 députés de l’actuelle législature ou 120 chefs d’exécutif territoriaux, tels que des maires ou présidents de conseil départemental. Cependant, cela ne concerne qu’un nombre limité de candidats.
Malgré l’accord obtenu lors du dialogue national, le consensus semble fragile. Maréma Touré Thiam souligne que le parrainage vise à filtrer les candidatures, et que certains critères doivent être remplis pour garantir son fonctionnement. Pourtant, Amsatou Sow Sidibé, s’appuyant sur une décision de la cour de justice de la CEDEAO, affirme que le parrainage est devenu pire qu’auparavant.
Actuellement, une trentaine de personnes ont déclaré leur candidature, et la majorité d’entre elles devra passer par le parrainage citoyen. Cependant, selon Babacar Fall du Gradec, ce chiffre augmentera considérablement d’ici le dépôt des candidatures, et il estime qu’il n’y a pas eu de réelle avancée par rapport à 2019.
Quoi qu’il en soit, pour être officiellement candidat, il faudra respecter ces nouvelles règles. Le projet de loi portant révision de la constitution, incluant le parrainage, a été adopté par le conseil des ministres cette semaine et devrait être soumis à l’assemblée nationale prochainement.