L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU SÉNÉGAL EN PROIE À DES TENSIONS VIVES LORS DU DÉBAT SUR LA LOI D’AMNISTIE

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L’Assemblée nationale du Sénégal a été le théâtre d’échanges particulièrement tendus ce mercredi 2 avril 2025, lors de l’examen de la proposition d’interprétation de la loi d’amnistie adoptée en mars 2024. Les débats ont rapidement dégénéré en une joute verbale entre l’opposition et la majorité, illustrant les profondes divisions sur cette question sensible .

Alors que l’opposition, menée par le député Abdou Mbow, plaidait pour un ajournement de la séance,  arguant que le texte nécessitait une étude plus approfondie, les députés de la majorité, affiliés au PASTEF, ont rejeté cette demande. Me Abdoulaye Tall, président de la commission des lois, a défendu la nécessité d’avancer, affirmant que cette révision visait à clarifier les zones d’ombre de la loi initiale et à exclure les crimes graves (meurtres, tortures, disparitions forcées) du champ de l’amnistie .

Abdou Mbow a accusé la majorité de vouloir précipiter le processus sans garantir une analyse juridique rigoureuse, craignant une instrumentalisation politique de la justice. En réponse, Me Tall a rétorqué que l’opposition cherchait simplement à bloquer le processus pour des raisons partisanes, rappelant que cette révision était essentielle pour établir la vérité et garantir une justice équitable .

Après des échanges animés, la majorité a finalement rejeté la demande d’ajournement, permettant la poursuite des discussions. Cette décision a exacerbé les tensions, reflétant les clivages persistants sur la manière de gérer les violences politiques des années 2021-2024, qui ont fait 65 morts, dont 51 par balle, selon les estimations .

La proposition de loi, portée par le député Amadou Ba (PASTEF), vise à exclure les crimes graves (assassinats, tortures, disparitions forcées) de l’amnistie initiale, répondant ainsi aux demandes des familles des victimes et des organisations de droits humains . Cependant, certains opposants et membres de la société civile dénoncent une réforme partielle, estimant que la loi devrait être abrogée totalement pour permettre des poursuites complètes .

Amnesty International et d’autres ONG soutiennent cette révision, y voyant une avancée vers la justice transitionnelle, tandis que d’autres redoutent qu’elle ne serve qu’à protéger les militants du PASTEF.

Alors que les débats se poursuivent, la question reste brûlante : faut-il une interprétation ciblée de la loi ou une abrogation pure et simple ? La décision finale de l’Assemblée marquera un tournant dans la quête de réconciliation nationale, mais risque aussi de raviver les tensions politiques .