L’ASSEMBLÉE NATIONALE ADOPTE LA LOI INTERPRÉTATIVE DE L’AMNISTIE : UN VOTE HISTORIQUE POUR EXCLURE LES CRIMES DE SANG

Loading

Après plusieurs heures de débats intenses, l’Assemblée nationale a adopté, ce mercredi 2 avril 2025, la proposition de loi interprétative de la loi d’amnistie, marquant un tournant dans la gestion des suites des crises politiques récentes. Le texte, soutenu par une large majorité de 126 voix pour sur 146 votants, contre 20 oppositions et aucune abstention, vise à exclure explicitement les crimes de sang et autres infractions graves du champ d’application de l’amnistie.

Portée par le député Amadou Bâ (PASTEF), cette proposition de loi interprétative avait pour objectif de préciser les contours de la loi d’amnistie n°2024-09 du 13 mars 2024, adoptée dans un contexte de réconciliation nationale. Elle répondait aux inquiétudes soulevées par certaines victimes et organisations de défense des droits humains, craignant qu’une amnistie trop large ne fasse obstacle à la justice pour les violences ayant entraîné des pertes humaines entre 2021 et 2024.

« Cette loi n’est pas une remise en cause de la réconciliation, mais une garantie que l’impunité ne s’appliquera pas aux crimes les plus graves », a déclaré le député Bâ en défendant son texte.

L’adoption du texte n’a pas fait l’unanimité. Si la majorité y voit une avancée pour la justice, l’opposition, notamment les anciens soutiens du régime précédent, dénonce une rupture avec l’esprit initial de l’amnistie, destinée à apaiser les tensions politiques.

« On ne peut pas prétendre tourner la page tout en rouvrant des dossiers judiciaires. Cela risque de raviver les divisions », a averti un député de l’opposition.

Avec ce vote, le législateur envoie un message clair : les crimes graves, notamment les homicides, ne pourront pas être amnistiés. Reste maintenant à voir comment cette interprétation sera appliquée par les tribunaux et si des poursuites seront effectivement engagées contre les auteurs présumés de violences.

Les prochaines semaines seront déterminantes pour mesurer l’impact réel de cette décision sur le paysage politique et judiciaire sénégalais.