L’AMBIANCE S’ANNONCE ÉLECTRIQUE À L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU SÉNÉGAL

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L’ambiance s’annonce électrique ce mardi à l’Assemblée nationale du Sénégal. Le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Abdourahmane Diouf, est attendu pour défendre le budget 2026 de son département, quelques jours seulement après son retour de Belém, au Brésil, où s’est tenu le sommet des Nations unies sur le climat (COP30).

Mais, selon plusieurs sources parlementaires citées par L’Observateur, la séance budgétaire pourrait vite se transformer en tribune politique. Des députés de la majorité menacent d’en découdre avec le ministre, accusé de critiques voilées contre le Premier ministre Ousmane Sonko.

Un débat budgétaire sous tension

À première vue, l’exercice est technique : comme chaque ministre, Abdourahmane Diouf doit présenter les grandes lignes du budget 2026 de son ministère et répondre aux questions des députés. Cependant, en coulisses, la tension est palpable. « Certains députés veulent en faire un procès politique », confie un parlementaire proche de la majorité, sous couvert d’anonymat. « Ils estiment que Diouf se comporte comme un électron libre au sein du gouvernement et qu’il ne montre pas assez de loyauté envers Ousmane Sonko. »

Les griefs, parfois personnels, se nourrissent d’un contexte politique chargé. Depuis plusieurs semaines, le ministre de l’Environnement est perçu par certains cadres de la coalition Diomaye Président comme trop indépendant, voire critique envers la ligne politique impulsée par le duo exécutif Bassirou Diomaye Faye – Ousmane Sonko. Son profil – universitaire, technocrate, ancien opposant – tranche avec la culture militante et idéologique du Pastef, pilier du nouveau pouvoir.

Une personnalité singulière au sein du gouvernement

Ancien porte-parole du parti Rewmi d’Idrissa Seck, Abdourahmane Diouf s’est imposé au fil des ans comme une voix mesurée, intellectuelle et réformatrice du paysage politique sénégalais. En rejoignant le gouvernement issu de la coalition Diomaye Président, il incarnait, aux yeux de beaucoup, la volonté d’ouverture du nouveau régime à des profils issus de la société civile et du monde académique.

Cependant, cette indépendance, longtemps perçue comme une force, devient aujourd’hui source de crispation. « Il parle vrai, il n’est pas dans la rhétorique partisane, mais cela dérange dans un contexte où la cohésion de la majorité est encore fragile », explique un analyste politique dakarois.

L’Assemblée nationale se prépare donc à un moment potentiellement décisif pour le gouvernement, alors que les tensions internes pourraient façonner l’avenir politique de Abdourahmane Diouf dans un paysage déjà tumultueux.