LA COUR SUPRÊME DE GUINÉE REND PUBLIQUE LA LISTE DES CANDIDATS À L’ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

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La Cour suprême de Guinée (CSG) a rendu publique une liste provisoire de neuf candidats retenus pour l’élection présidentielle du 28 décembre prochain. Parmi eux figure le général Mamadi Doumbouya, chef de la junte au pouvoir, désormais candidat indépendant à ce scrutin dont l’enjeu va bien au-delà de la simple alternance.

Général Doumbouya, qui avait pris le pouvoir en septembre 2021 en renversant le président Alpha Condé, s’était initialement engagé à ne pas briguer la présidence. Pourtant, après le référendum constitutionnel de septembre 2025 — approuvé par près de 89 % des voix selon les résultats provisoires — qui a modifié notamment la durée du mandat présidentiel (passée de cinq à sept ans) et permis à certains cadres de la transition, dont Doumbouya, de se porter candidats, le décor a changé.

La CSG a validé la candidature de Doumbouya comme « indépendant », aux côtés de huit autres postulants. Cependant, deux figures politiques importantes, l’ancien Premier ministre Lansana Kouyaté et l’ex-ministre Ousmane Kaba, ont été exclues pour des motifs techniques, une décision qui suscite de fortes interrogations sur l’équité du processus.

Un enjeu crucial pour la transition

L’élection est présentée par les autorités comme l’acte final d’une transition vers un régime civil — initialement annoncée pour fin 2024 mais largement repoussée. Sur le terrain, l’inquiétude prévaut : plusieurs partis d’opposition majeurs sont soit suspendus, soit empêchés de participer dans des conditions « normales », alimentant des doutes quant à la crédibilité de la compétition.

Actuellement, les enjeux sont multiples :

  • Légitimer la transition initiée par la junte tout en garantissant un minimum d’ouverture politique.
  • Satisfaire les demandes de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de la scène internationale concernant le retour à une gouvernance démocratique.
  • Assurer la stabilité dans un pays riche en ressources (bauxite, fer) mais fragilisé politiquement et économiquement.

Doumbouya : du chef de junte au candidat présidentiel

La candidature de Doumbouya représente un virage symbolique et concret. L’homme fort de la transition passe du rôle de chef de la junte à celui de candidat présidentiel. Pour nombre d’observateurs, cette évolution marque le passage — voulu par le pouvoir — d’un régime de fait à une posture de légitimité « électorale ». Toutefois, la surveillance des conditions de l’élection, de la transparence des listes et de l’équité du jeu politique demeure primordiale pour que ce passage soit réellement crédible.

La Guinée entre ainsi dans une phase charnière : le choix des citoyens (et de la communauté internationale) portera autant sur le profil des candidats que sur la nature de l’alternance possible. Pour Doumbouya, l’enjeu est de transformer son pouvoir de fait en pouvoir légal et accepté ; pour les Guinéens, c’est l’opportunité d’affirmer un nouveau chapitre politique.