JOURNÉE NATIONALE DE SIGNATURE DE LA CONVENTION-CADRE ENTRE CAPEP ET LE CABINET OSMOSE : UNE ÉTAPE HISTORIQUE POUR LA FORMALISATION DE L’ENSEIGNEMENT PRIVÉ AU SÉNÉGAL

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Le Théâtre national Daniel Sorano a vibré ce jeudi 18 décembre 2025, accueillant une mobilisation exceptionnelle à l’occasion de la Journée nationale de signature de la Convention-cadre entre le Conseil des Acteurs et Partenaires de l’Enseignement Privé (CAPEP) et le Cabinet Osmose Audit & Conseils. Cet événement marque le lancement officiel du Programme National de Formalisation Administrative, Comptable, Fiscale et Sociale des Établissements d’Enseignement Privé, une initiative ambitieuse visant à structurer et à consolider un pilier essentiel de l’éducation sénégalaise.

Un secteur stratégique mais fragile

Avec 5 200 établissements répartis dans les 46 départements, scolarisant plus de 2 millions d’élèves (soit 40% de l’offre éducative nationale) et employant plus de 40 000 personnels, le sous-secteur de l’enseignement privé est un acteur majeur du système éducatif sénégalais. Pourtant, il reste largement informel. « 91% des écoles privées sénégalaises ne sont pas reconnues par l’État », a déploré M. Amadou Arame DIAGNE, Expert-Comptable et Directeur Associé du Cabinet Osmose, maître d’œuvre du programme. Cette non formalité expose les structures à une grande vulnérabilité juridique, fiscale et sociale, et les prive d’accès aux financements bancaires et aux opportunités de développement.

Une réponse concertée pour la gouvernance et le développement

Face à ce constat, le CAPEP et le Cabinet Osmose ont conçu un programme d’accompagnement global. « Nous avons initié ce programme pour aider les écoles à se formaliser. La majeure partie d’entre elles ne le sont pas, ce qui les a vraiment freinées », a expliqué M. NDOUR, Président du CAPEP. Une tournée nationale de sensibilisation a précédé cette signature, expliquant la forte mobilisation des directeurs d’écoles, venus de toutes les régions comme Bakel ou Bignona.

L’initiative a reçu un soutien institutionnel fort. M. Serigne Moussa DIOP, Inspecteur Principal des Impôts et Domaines, représentant la Direction Générale des Impôts et des Domaines (DGID), a salué une « excellente initiative» en phase avec les missions de l’administration. « Se formaliser, c’est assurer une plus grande sécurité juridique (…), plus d’équité fiscale et permettre un accompagnement des pouvoirs publics », a-t-il souligné, rappelant que « la mobilisation des recettes, c’est l’élargissement de l’assiette fiscale » et non une augmentation des taux. Il a également annoncé l’engagement de la DGID à accompagner la régularisation foncière des écoles, un enjeu crucial pour leur pérennité.

Des retombées positives multiples et structurantes

Les bénéfices attendus de cette formalisation sont considérables :
1. Reconnaissance juridique : Passer d’une simple autorisation d’ouverture à une reconnaissance officielle de l’État.
2. Sécurisation sociale : Affiliation des personnels à l’IPRES et à la Caisse de Sécurité Sociale, mettant fin à leur statut précaire de « prestataires ».
3. Accès au financement : La tenue d’une comptabilité régulière ouvrira les portes du système bancaire. La Banque Nationale de Développement (BND) serait déjà engagée dans ce sens.
4. Optimisation et croissance : Une gestion formalisée permet d’investir, de se développer (construction, équipements) et de créer de la rentabilité.
5. Qualité éducative: Des écoles structurées financièrement et juridiquement pourront mieux rémunérer leurs enseignants et investir dans la qualité de l’offre pédagogique.

Un modèle réplicable pour l’économie sénégalaise

Au-delà du secteur éducatif, cette initiative est perçue comme un pilote. « Si ce programme réussit, rien n’empêche de le répliquer à d’autres secteurs », a affirmé M. DIAGNE, citant la pêche ou la mécanique auto. Il a appelé les experts-comptables à « quitter leurs bureaux climatisés » pour aller à la rencontre du tissu économique informel, qui représente près de 97% du tissu entrepreneurial sénégalais.

Cette journée historique lance ainsi un vaste chantier de modernisation et d’intégration de l’enseignement privé dans l’économie formelle. Elle pose les bases d’un partenariat public-privé renforcé, au service de la gouvernance, de la justice sociale et, in fine, de l’avenir de millions d’enfants sénégalais.