Entre appel au dialogue, séparation et surprises Le jeu politique ouvert, quelles alternatives ? (Par Aly Saleh)

Loading

Dans un contexte politique très instable, un peu comme dans une poudrière avec un cigare allumé, l’acte de divorce entre Idrissa Seck et Macky Sall est venu ajouter au désordre déjà en place.

Rendu officiel, ce départ du parti Rewmi de la coalition présidentielle Benno Bokk Yakaar avec Idrissa Seck qui quitte le Conseil Économique Social et Environnemental (Cese) et les ministres Yankhoba Diatara et Aly Saleh Diop de l’attelage gouvernemental, point de surprise. La décision fait suite à l’annonce de la candidature de l’ancien maire de Thiès à la présidentielle de 2024. Il fallait s’y attendre, cependant plusieurs options se dessinent pour Mara et sa bande. Le désormais ex-président du Cese avait annoncé la couleur en février dernier lors du conseil présidentiel tenu dans la cité du rail avant qu’il ne pose un premier jalon au lendemain de la fête nationale en confirmant sa position et sa volonté de briguer le suffrage des sénégalais au cours d’une conférence de presse.

Y’aura-t-il remaniement ministériel ou réaménagement gouvernemental dans les tous prochains jours? En tout cas le nom du remplaçant de Idy au Cese est connu : Abdoulaye Daouda Diallo comme l’esperaient certains.
Ces détracteurs qui lui reprochaient sa négligeance et son absentéisme se disent avoir obtenu gain de cause. Pour eux, démission ou destitution, peu importe, l’essentiel c’est le départ d’Idrissa Seck de la tête de l’institution et de son remplacement par quelqu’un de leur camp.

Avec ce retour dans l’opposition, le patron Rewmi va devoir faire face au patron de Yewwi Askan Wi pour se refaire une place de choix et de poids au sein de la gauche dont il était le chef au sortir des dernières joutes électorales.

Connu pour sa posture républicaine assez responsable, l’ancien maire de Thiès est attendu pour être un opposant pacifique et soucieux de la paix, de la stabilité et du devenir du Sénégal. Même s’il ne fera pas de l’opposition farouche, il ne manquera pas certainement de dénoncer tout ce qui ne va pas et surtout de critiquer à sa manière.
Maintenant, reste à savoir si Ousmane Sonko va lui reconnaitre la place qu’il dit, lui revenir de droit. Dans tous les cas, le jeu politique est ouvert et laisse entrevoir plusieurs surprises au lendemain de l’appel au dialogue réitèré par Macky Sall à la classe politique, avec notamment Khalifa Sall et Karim Wade qui ont besoin de retrouver leur éligibilité.
Piège ou pas, quand faut y aller, il faut y aller, dit l’adage. Le « Macky » a laissé entendre que c’est le moment où jamais car: « il n’y aura pas de place pour les récalcitrants ».
Beaucoup avaient vu en cette décision un stratagème pour diviser l’opposition avant le prochain scrutin, d’où
la remise en cause de l’hégémonie du président de Pastef Ousmane Sonko qui occupe largement le terrain. Cela permettrait à Macky Sall d’en finir avec le « face to face » que le chef de file de Yewwi Askan Wi cherche à lui imposer.

Par contre, ce dont on est certain, c’est que cet appel au dialogue doit être renforcé par des actes d’apaisement et l’instauration d’un climat de confiance entre tous les acteurs.
Mais si c’est seulement pour chambouler la carte politique que le président Sall veut remettre en selle le leader de Taxawu Dakar et le candidat du Pds, c’est peut-être un pari perdu d’avance.
Donc cette main tendue à nouveau est à saisir, mais il faudrait des préalables surtout dans ce contexte d’affrontements car il n’y a que cela qui pourrait décrisper la situation socio politique que nous vivons depuis plusieurs mois.
Mais pour l’heure, le premier acte d’apaisement à poser par le chef de l’Etat, c’est de faire libérer tous ceux qui ont été mis aux arrêts de manière abusive et présenter aux juges tous ceux qui ont commis des actes contraires à la loi pour qu’ils puissent être fixés sur leur sort.
Mais une fois que la dialogue est restauré, il faudrait faire en sorte qu’il ne soit plus rompu. Il n’y a que cela qui pourrait éviter que les gens se méfient les uns des autres.

Aly Saleh Journaliste/chroniqueur