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Macky dit « Boycott ! », ses anciens ministres répondent « Présent ! »*
La scène politique sénégalaise ressemble désormais à un feuilleton haletant, mêlant trahisons, ambitions et micros-trottoirs. Pendant que la population affronte les défis du quotidien, l’Alliance pour la République (APR), autrefois machine bien huilée sous Macky Sall, se consume dans une crise ouverte. Le dialogue national lancé par le président Bassirou Diomaye Faye a révélé des fractures irréconciliables au sein du parti, où les dissensions sont devenues aussi visibles qu’un baobab en plein désert .
Le capitaine absent, l’équipage en mutinerie
Retiré au Maroc depuis avril 2024, Macky Sall assiste de loin à la débandade de ses troupes. Son mot d’ordre de boycott du dialogue national. Ignoré par une poignée de cadres historiques, dont Abdoulaye Daouda Diallo, Matar Ba, et Abdoulaye Saydou Sow, qui ont préféré répondre à l’appel de la « République » – ou peut-être à celui des caméras .
« *Les affaires de la République sont supérieures à toute autre considération* », a lancé Diallo, résumant d’une phrase le divorce entre la ligne du parti et les ambitions personnelles. Le maire de Kaffrine, Sow, a enfoncé le clou : « Je prends acte de la position de l’APR, mais c’est une position que je ne partage pas » . Des déclarations qui ont enflammé le dernier Secrétariat exécutif du parti, où certains ont réclamé des sanctions immédiates contre ces « traîtres » .
Koh-Lanta politique : qui survivra à l’Apr ?
Les tensions internes rappellent un jeu de survie. D’un côté, les fidèles de Macky, arc-boutés sur le boycott ; de l’autre, les « réalistes », qui voient dans ce dialogue une opportunité de rester dans le jeu politique. Abdoulaye Saydou Sow l’a avoué sans détour : Macky était initialement disposé à participer avant de faire volte-face, laissant ses cadres dans l’embarras .
Pendant ce temps, l’opposition jubile. Le Parti socialiste (PS) et le Parti démocratique sénégalais (PDS), déjà affaiblis, observent avec ironie l’APR rejoindre le club des partis dominants dévorés par leurs divisions. « Quand le chef quitte le navire, mieux vaut savoir nager… ou apprendre à voter autrement», glisse un observateur.
Un dialogue national, miroir des ambitions
Le président Faye a beau vanter un cadre de « réconciliation », le dialogue révèle surtout les calculs de chacun. L’APR, minée par les règlements de comptes, peine à incarner une opposition crédible. Pire, ses dissidents pourraient bien former une nouvelle force, attirant ceux qui jugent le parti trop englué dans son passé .
L’APR ressemble désormais à une mangue trop mûre – encore sucrée, mais sur le point de pourrir. Reste à savoir si Macky Sall, depuis son exil marocain, parviendra à reprendre la main. Ou si, comme le suggère un cadre anonyme, « le Yaakaar n’est plus qu’un slogan » .
« La politique, c’est l’art de rendre possible ce qui est nécessaire »*, disait Jean Monnet. À Dakar, c’est surtout l’art de survivre aux retournements.

