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Ce pays pullule de « Matar Diagne ». Nombreux sont les gens qui souffrent en silence. Et la jeune génération n’est point prête pour faire face aux aléas de la vie actuelle. Nos sourires, fous rires et délires cachent parfois de la tristesse, de l’émoi…presque « tout le monde triche avec tout le monde » !
En tant que Coach, il m’arrive souvent de procéder à la méthode du « Co-Coaching ». A l’image d’une maïeutique version moderne où l’on accouche non pas des esprits mais des émotions, cette méthode efficace me permet de faire de sorte que ceux que j’accompagne puissent partager des expériences vécues ainsi que les émotions ressenties lors des faits, et dans l’anonymat quand il s’agit d’ateliers en groupe.
Des adultes ayant frôlé l’envie de se suicider, des jeunes ayant perdu goût à la vie, tout y passe. En fonction des émotions soulignées, ma mission consiste à aider avec pour tremplin l’intelligence émotionnelle. Un jeune de 20 ans m’a une fois évoqué sa petite amie partie très tôt, un autre son meilleur ami tué lors de manifestations, une autre encore sa marâtre qui lui a versé de l’eau chaude dans les yeux….
« Deleene mougnei xell, tei beigna mougnei xoll » (face à l’épreuve, faites de votre mental, et non pas du coeur, le tremplin qui puisse vous mener vers la quiétude), nous dit Serigne Cheikh Tidiane Sy Al Maktoum. On comprend là que l’instrument le plus efficace pour le fameux « mougne » s’avère être le mental. Une surcharge mentale ne peut pas faire l’objet de conséquences aussi désastreuses comparée à la souffrance émanant du coeur. Cette derniere ronge l’individu, joue sur l’absence de télomères, hormones sensées agir sur la longévité, et réduit l’espérance de vie. Matar, lui, a préféré prendre le chemin le plus court en se suicidant.
Bien que solitaire, il avait quand même des amis, des proches, des camarades de classe…mais le sénégalais n’est pas doté de la faculté qui consiste à avoir une opinion, sans juger, sur la situation de l’autre. Il faut être mentalement fort pour ne pas succomber face aux langues pernicieuses chez nous.
« En 20 ans d’existence, nous avons soigné les maladies, mais pas les malades », confie une femme qui a été à la tête du prestigieux « Médecins du Monde. » Un aveu d’échec qui, jusque là, est entrain d’être « réparé », et donne son sens à la percée du domaine du coaching.
Avec Matar, le comble, c’est que ni la maladie ni le malade n’ont été soignés. Des mots ont servi pour illustrer mille maux…le tout dans un texte qui sonne le glas pour sa vie qu’il a trouvé dénudée de sens.
Dans un pays où l’indiscipline est naturelle, les transferts d’humeur fréquents, les jugements récurrents, les esprits critiques sévères, les moqueries mises en exergue, la médiocrité intellectualisee, la haine « médiatiquement autorisée », on ne peut pas ne pas assister à des situations aussi dramatiques. Et encore que d’autres esprits butés se permettent de juger Matar sur Facebook à l’heure où vous lisez ces lignes. Seigneur, même les morts ne sont guère à l’abri.
Il y’a une nouvelle race de jeunes certes ambitieuse, mais pas assez préparée à vivre les vicissitudes de notre pays. Après avoir accompagné deux cents (200) enfants et adolescents l’année dernière en coaching en développement personnel, le constat reste le même pour moi et toute mon équipe : au delà de l’instruction, chercher à aider les plus jeunes à développer une sorte d’intelligence émotionnelle, afin d’être immunisé contre la violence verbale et les critiques de mauvais goût.
Le cas « Matar Diagne » nous a échappé, il est grand temps que l’on fasse tout pour que cela ne se répète pas. Il était premier du centre au baccalauréat et sans nul doute l’un des meilleurs de L’ U.G.B. (Université Gaston Berger). Mais les blessures que sont la trahison, le rejet, l’abandon, l’humiliation ou l’injustice, considérées comme celles qui nous empêchent de vivre normalement, n’épargneraient même pas les plus instruits de cette planète.
Que chaque parent initie ses enfants à l’intelligence émotionnelle et à la capacité à faire face aux énergumènes qui « blessent par de mauvais jugements » ! Ces gens-là ne sont pas prêts à changer, et ceci quelque soit les formes de sensibilisation qui seront évoquées ça et là.
Il s’agit de vous préparer vous même à y faire face. C’est un peu comme une guerre où le cesser le feu ne sera pas au rendez-vous. Mieux vaut aller apprendre à tirer et s’armer jusqu’aux dents ! »
Allah est miséricorde », nous rappelle Matar Diagne dans sa lettre.
Maam Cheikh
Coach en Gestion des Emotions
maamcheikh7@gmail.com

