L’Afrique francophone de l’ouest : Une révolte pour une souveraineté économique et une lutte pour l’équité dans l’exploitation des ressources

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Dans les pays de l’Afrique francophone de l’ouest, un mouvement de révolte est en cours, mais il ne s’agit pas simplement d’un clivage entre les influences occidentales et russes. Il s’agit avant tout d’une révolte contre des siècles de prédation, de discours paternalistes et de condescendance. Les populations africaines exigent que leurs dirigeants accordent la priorité au capital humain et au bien-être des peuples d’Afrique, en utilisant les ressources du continent pour transformer leur réalité et améliorer leur qualité de vie.

Un exemple concret de cette situation est l’exploitation de l’uranium au Niger, qui est le quatrième pays producteur mondial. La France achète l’uranium nigérien à un prix de 27 000 Fcfa le kilogramme, alors qu’elle paie le même kilogramme à 131 000 Fcfa au Kazakhstan et au Canada. Il est ironique de constater que 90% des Nigériens n’ont pas accès à l’électricité, alors que l’uranium extrait sur leur territoire à Arlit par le groupe français Areva alimente les ménages et les industries françaises via les centrales nucléaires.

Les nouvelles autorités nigériennes, issues du coup d’État contre Mohamed Bazoum, ont récemment suspendu toute commercialisation de l’uranium à la France jusqu’à nouvel ordre. Cette décision constitue un véritable affront et une désobéissance envers l’ancienne puissance coloniale, et elle risque d’avoir des répercussions au-delà de tout ce que l’on peut imaginer.

Ce qui se profile à l’horizon dans la région sahélo-sahélienne, et qui pourrait s’étendre à la sous-région ouest-africaine, est une transposition du conflit Est-Ouest sur le continent africain, avec pour enjeu sa domination par différentes puissances. Il ne s’agit plus d’un partage de l’Afrique entre les puissances occidentales, comme ce fut le cas lors de la Conférence de Berlin en 1884-1885, mais plutôt d’une lutte pour la domination menée par la puissance la plus forte, quitte à transformer la région en un foyer de conflits aux conséquences dévastatrices. En comparaison, ce qui se passe actuellement en Ukraine semblerait insignifiant face à la tragédie qui pourrait frapper nos pays.

D’une part, les puissances occidentales, qui ont longtemps exercé leur domination en Afrique, ne veulent en aucun cas être reléguées au second plan dans l’exploitation et l’expropriation des richesses du Sahel et de l’Afrique. D’autre part, la Russie et la Chine, les nouvelles puissances émergentes dans la région, cherchent à étendre leur influence afin de sauvegarder leurs intérêts politiques, économiques et géostratégiques dans cet espace qui, bien qu’on le perçoive comme désertique, est en réalité l’un des plus riches au monde.

La grande différence, et qui joue en faveur de ces dernières, est que les peuples africains se dressent face à l’Occident et expriment bruyamment leur attachement à une forme de souveraineté et d’autodétermination. Ils trouvent des échos historiques dans leurs relations avec la Russie et la Chine, des pays qui n’ont jamais esclavagisé ni colonisé des nations africaines pour en faire leurs possessions. De plus, ces pays asiatiques abordent les relations avec l’Afrique sur un pied d’égalité, ne leur imposant aucune vision préétablie, et laissant les pays africains libres de définir leurs politiques économiques et leur gouvernance intérieure. Les Africains qui se tournent vers eux aspirent à un partenariat véritablement mutuellement bénéfique.

Au soir du 31 juillet 2023, la tension est montée d’un cran dans l’espace CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), suite à la lectured’un communiqué conjoint des autorités de transition du Mali et du Burkina Faso. Ce communiqué menace d’une guerre en cas d’intervention militaire de l’organisation sous-régionale au Niger. De plus, la Guinée a également ajouté son grain de sable en avertissant de l’éclatement de la CEDEAO si elle ne revenait pas sur sa décision de sanctions et de menace d’intervention militaire pour rétablir Mohamed Bazoum au pouvoir.

Le Mali, qui a été longtemps victime de l’intervention de la CEDEAO et de la France, refuse catégoriquement que cette dernière ait une base à ses frontières pour déstabiliser le pays. Le Burkina Faso, quant à lui, a récemment expulsé les militaires français de son territoire et ces derniers ont trouvé refuge au Niger. Les terroristes qui opèrent au Burkina Faso, au Mali, au Togo et au Bénin ont leur base arrière dans la zone des trois frontières formée par le Mali, le Burkina Faso et le Niger. Ces groupes armés, soutenus par l’Occident, se cachent au Niger avec la bienveillance de Bazoum et de la force Barkhane, ce qui empêche les forces armées maliennes de les déloger, au risque d’être accusées par le Niger de violation de ses frontières.

La coalition formée par le Mali, le Burkina Faso, le Niger et la Guinée, des pays qui se sont fortement armés ces derniers temps grâce à la Russie, et qui bénéficient de nouvelles techniques de guerre, d’écoute, de drones, ainsi que de l’assistance militaire et technique russe, pourrait entraîner les armées embryonnaires des autres pays de la région dans leur sillage. Cette situation pourrait déclencher une lutte pour l’hégémonie en Afrique entre les puissances occidentales et orientales, et potentiellement entraîner le monde dans une troisième guerre mondiale.

Pendant ce temps, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, actuellement en retrait, attend patiemment une occasion de profiter de cette guerre pour déployer ses ogives nucléaires contre les États-Unis, qu’il considère comme le grand Satan. La destruction du monde semble plus proche que jamais.

La situation actuelle en Afrique francophone de l’ouest est donc marquée par une révolte des populations qui revendiquent une souveraineté économique et une juste exploitation des ressources du continent. Les enjeux géopolitiques et les rivalités entre les puissances occidentales et orientales exacerbent les tensions, risquant de plonger la région dans un conflit aux conséquences dévastatrices. La communauté internationale doit faire preuve de vigilance et de diplomatie pour parvenir à une solution pacifique et prévenir une escalade incontrôlable.