Depuis l’annonce du Président Macky Sall qu’il ne se présenterait pas à la présidentielle de février 2024, l’Alliance pour la République (APR), parti au pouvoir au Sénégal, est le théâtre d’une guerre de succession acharnée. Au cœur de cette bataille se trouvent deux personnalités au passé chargé d’animosité : le Premier ministre, Amadou Bâ, et le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Abdoulaye Daouda Diallo.
Leur rivalité a pris naissance au sein de la Direction générale des Impôts et Domaines (DGID), où tous deux exerçaient en tant qu’Inspecteurs des Impôts et Domaines. Alors en disgrâce au Parti démocratique sénégalais (PDS), Macky Sall forge une nouvelle voie politique, soutenu par Abdoulaye Daouda Diallo, co-fondateur de l’APR. Cette prise de position attire la colère d’Abdoulaye Wade, président de la République à l’époque, ce qui entraîne la rétrogradation et la mutation d’Abdoulaye Daouda Diallo aux Impôts et Domaines, placé sous l’autorité d’Amadou Bâ.
Cette situation marque le début d’une profonde inimitié entre les deux hommes, et les tensions persistent. Lorsque Macky Sall remporte l’élection présidentielle en 2012, Abdoulaye Daouda Diallo est récompensé par un poste de ministre délégué auprès du ministre de l’Économie et des Finances chargé du Budget, et la rivalité s’intensifie au sein du gouvernement.
Des observateurs politiques ont noté des signes de froideur et de distance entre Abdoulaye Daouda Diallo et Amadou Bâ lors des réunions hebdomadaires en Conseil des ministres. Les deux hommes ont manifestement du mal à travailler ensemble, alimentant ainsi les spéculations sur leur relation tendue.
En novembre 2020, Amadou Bâ est limogé du gouvernement en raison de son présumé « soutien secret » à l’opposant Ousmane Sonko. Cependant, deux ans plus tard, en septembre 2022, il revient aux affaires en tant que Premier ministre, ravivant ainsi les tensions avec Abdoulaye Daouda Diallo.
L’analyste politique Mamadou Sy « Albert » résume la rivalité entre les deux hommes en un seul mot : « ego ». Cette lutte d’ego pourrait bien déterminer l’avenir politique de l’APR et influencer le paysage politique sénégalais à l’approche de l’élection présidentielle cruciale de février 2024.