Incendie hôpital de Tivaoune :Soyons le changement que nous souhaitons voir dans notre société africaine.

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Ils m’ont demandé si j’étais prêt à sortir de mon cocon chaud, tendre, certes parfois un peu ballotant et j’ai répondu oui!

Ils m’ont averti que je n’avais pas le poids de rigueur pour faire face à cette grande et trépidante dame qu’est la VIE, j’ai répondu oui!

Ils m’ont montré à travers l’écran qu’était le ventre de ma mère un monde, qu’ils appelaient « fou », « instable », « violent », j’ai réitéré un oui radical!

Juste avant de sortir, un autre m’a soufflé le nom de mon pays, de mon continent et il semblait être alarmé du laxisme et du manque d’ambition de son peuple, de leur volonté d’avancer sans pour autant s’en donner les moyens, et moi, animé de la soif naturelle de vouloir VIVRE, j’ai répondu oui!

Oui, je veux VIVRE, je veux aussi goûter à cette VIE, pensais-je.

Quelques minutes plus tard, je naissais. J’étais dehors, dans la VIE, où la réalité était plus sombre qu’on ne me l’avait peignée.

Je retrouvais un hopital qui n’avait pas les moyens d’accueillir dignement l’humain que je suis, des infirmières débordées et frustrées surement par un travail mal payé et sous estimé, un air plus que pollué, et une maman qui ne pourra pas me tenir dans ses bras pour me donner le sein car je prenais déjà le chemin de ce qu’ils appellent crèche pour les bébés prématurés.

Quelques mètres plus tard, en m’installant dans mon petit lit à la crèche, ils me rassuraient: « juste quelques jours et tu sortiras d’ici pour retrouver ta maman et ta vraie famille. En attendant, tu peux déjà faire la connaissance de dix autres de tes frères et soeurs qui sont aussi ici pour les mêmes raisons que toi ».
Sur ces promesses, je regagne mon enthousiasme et espoir d’avant-naissance, je ne suis pas seul, nous sommes ONZE!

ONZE, que mon pays a choisi de sacrifier au prix de discours politiques pour amadouer la nation et espérer rester le plus longtemps possible au pouvoir.
Nous devrions VIVRE mais ils nous ont sacrifiés…

Ils appellent la cause de notre mort « court-circuit », mais les dix autres et moi l’appelons IRRESPONSABILITÉ COLLECTIVE!

Si notre mort, doit éveiller le peu d’humanisme qui doit forcément exister dans le coeur des dirigeants africains, alors nous partons en paix.
En revanche, si elle doit encore passer par l’éternel inaction et impunité de notre continent, alors nous disons NON!
A travers l’encre de Tata Marie, nous dénoncerons notre meurtre.
Un meurtre prémédité par notre pays, notre peuple, nos dirigeants et les humains du monde entier qui regardent de loin leurs frères et soeurs, bébés de quelques jours, se faire tuer de manière aussi lâche. Ce n’était pas un accident, vous le saviez tous, cela devait arriver.

Chers dirigeants africains, les zéros à l’infini dans vos comptes cachés, nous ne savons où, ne pourrons jamais racheter la VIE HUMAINE que vous nous avez ôtée aujourd’hui!

Chers peuples africains, la cupidité de nos dirigeants et l’omniprésence européenne dans nos affaires ne sont pas les seules raisons de notre malheur. Notre inaction et manque d’ambition le sont aussi. Soyons le changement que nous souhaitons voir dans notre société africaine.

Chers HUMAINS! Redressons-nous, nous filons du mauvais coton: Pandémie, Réchauffement climatique, Fusillades, Viols, Guerres, Violences conjugales, Racisme, et maintenant nous…les ONZE!

Par Tata Marie, maman, porte-plume des ONZE, qui se sent tout aussi coupable du sort des ONZE…mais qui espère pouvoir toucher le coeur des dirigeants et décideurs Sénégalais pour qu’enfin TOUS les hôpitaux et centres médicaux soient mis à niveau pour honorer la dignité citoyenne, humaine.

MF.