Mesdames et Messieurs les représentants des organes de presse ;
Chers concitoyens,
Chers parents et amis,
Je vous salue tous, en vos rangs et qualités, et vous remercie d’avoir répondu à notre invitation.
A l’entame de mon propos, permettez-moi de m’incliner devant la mémoire de ces 11 jeunes âmes si tragiquement arrachées à l’affection de leurs parents dans les circonstances que nous connaissons tous. Nous leur devons, sans nul doute, de continuer à tenter de faire œuvre utile, où que nous soyons, pour la construction d’une Nation qui saura prendre soin de chacun de ses enfants.
Nous vivons, assurément, des temps incertains.
Au plan politique, nous nous dirigeons vers le renouvellement de notre assemblée nationale, quelques mois seulement après les élections municipales. Dans cette perspective, le peuple souverain est témoin silencieux des diverses péripéties émaillant les phases préparatoires pour chacune des coalitions en lice ; la moindre anicroche étant prétexte à un potentiel embrasement.
Au plan économique notre pays sort à peine d’une pandémie dont les contrecoups n’ont épargné quasiment aucun secteur d’activité. De ces temps troubles pendant lesquels il a fallu tenir et faire preuve de résilience collective, il nous reste de profondes et marquantes séquelles.
Au plan de la géopolitique mondiale, la guerre s’est réinvitée en Europe, sous nos yeux ébahis. Au-delà du drame humain intolérable qu’il représente, le conflit entre la Russie et l’Ukraine, qui rentre désormais dans sa 15ème semaine, compromet sérieusement toutes les projections de reprise économique post-covid et place le monde entier sous la menace de graves crises d’approvisionnement, notamment en hydrocarbures et en céréales.
Plus proche de nous encore, notre position géographique nous place au cœur de ce qu’il convient désormais d’appeler la « ceinture de feu ». La trajectoire de nos principaux voisins est chahutée par la menace terroriste, l’instabilité institutionnelle ou encore le non-respect de l’ordre constitutionnel.
Bref, vous l’aurez compris, chers concitoyens ; l’heure est grave.
Il nous incombe d’interroger avec lucidité et tempérance la notion de « responsabilité citoyenne ». Pour paraphraser Angela DAVIS, je dirai que « nous sommes tous des acteurs collectifs de l’histoire ». Il nous faut donc, à chaque moment et après avoir analysé les lignes de force qui façonnent notre trajectoire collective, nous demander ce que nous devons au bien commun.
Ce sens de la responsabilité doit s’exprimer au plan politique avec toute la maturité citoyenne à laquelle notre peuple nous a habitué. Cela se traduit par le refus absolu de la violence sous toutes ses formes. Elle n’a pas sa place dans une démfocratie. Encore moins dans cette République du Consensus que nous appelons de nos vœux et qui a pour matrice génératrice la commune volonté de vivre et de prospérer ensemble. Les joutes électorales sont des temps forts de la démocratie. Elles opposent des formations certes concurrentes mais sûrement pas ennemies, car ayant le Sénégal en héritage commun. Notre pays est à la fois un héritage et un futur legs ; notre responsabilité collective est d’en parfaire la construction, de génération en génération.
La responsabilité citoyenne doit également s’exprimer au plan économique. Parce que notre lecture du monde doit nous faire prévoyants ; l’on nous prédit des émeutes de la faim et, partout, la question du pouvoir d’achat est érigée en urgence nationale de premier plan. La crise en Ukraine impactera le commerce international car impliquant une puissance des hydrocarbures et l’un des premiers producteurs mondiaux de blé. Certaines des voies classiques d’approvisionnement de l’Europe continentales sont coupées avec comme corollaire une gestion plus parcimonieuse des ressources stratégiques.
Il nous faut donc prendre conscience du fait que notre quotidien à tous sera inéluctablement impacté. A nouveau, il nous faudra puiser, au plus profond de nous-mêmes, cette résilience salvatrice qui nous permis de faire face à la COVID. L’enchainement des crises est très certainement l’un des principaux marqueurs de cette époque tourmentée dans laquelle c’est la définition même de « la notion de normalité » qui se trouve chahutée. C’est en responsabilité qu’il nous faudra nous serrer les coudes et faire front.
Enfin, ce sens de la responsabilité doit également s’exprimer face aux graves dangers que nous fait courir la situation géopolitique mondiale et sous-régionale. La crise d’approvisionnement en hydrocarbures qui se profile à l’horizon donne à nos ressources pétrolières et gazières un statut stratégique nouveau. Dans sa forte dépendance au gaz, l’Europe devra envisager des partenariats renouvelés. Ce sont donc, potentiellement, des norias interminables de méthaniers qui peupleront nos côtes avec, dans leur sillage, leur lot de convoitises… Il nous faut collectivement y être prêts. Les ressources naturelles appartiennent au peuple ; il est de notre responsabilité collective de créer les conditions qui en permettront une exploitation apaisée et inclusive.
Chers concitoyens, je le disais tantôt, le Sénégal est à la fois un héritage et un legs. Il est de notre devoir de rendre cette Nation plus forte qu’elle nous a été léguée. Face au tragique du monde, les désaccords conjoncturels paraissent bien dérisoires. Il appartient à chaque citoyen de contribuer, en plein conscience des enjeux du moment, à la construction d’un Etat structurellement plus fort et capable de faire face.
Du haut de cette expérience qui est la mienne et face à la gravité du moment, c’est l’appel solennel que je lance, ici et maintenant, à chacun de mes concitoyens.
Je vous remercie de votre attention.